« Pour que vivent nos langues » : rassemblement et audition en groupe d’études

Etant membre du groupe d’études « Langues et cultures régionales »de l’Assemblée nationale, co-présidé par Paul MOLAC, j’étais présente ce jeudi 8 février, avec plusieurs parlementaires bretons, au rassemblement organisé par le collectif « Pour que vivent nos langues ».


Ce rassemblement devant le Ministère de l’Éducation nationale, en amont de la réunion du groupe d’études, avait pour but de faire entendre les revendications des jeunes que nous soutenons. Je les félicite de leur engagement.

J’ai également eu l’occasion d’échanger avec Yann UGUEN, Président du réseau d’écoles Diwan en Bretagne.

Nos langues régionales constituent notre patrimoine vivant et témoignent de notre identité. À maintes reprises, ma grand-mère m’a raconté son interdiction de parler breton dans la cour d’école à Groix. À chaque transgression, elle était contrainte d’avoir un morceau de bois dans la bouche. Aujourd’hui, symboliquement, les jeunes avaient mis du ruban adhésif sur leur bouche. Le combat continue pour préserver notre héritage linguistique.


A la suite de ce rassemblement, le groupe d’études « Langues et cultures régionales » était réuni pour une audition de plusieurs lycéens exerçant leur apprentissage dans un enseignement en langue régionale sur différents territoires : Bretagne, Pays Basque, Occitanie, Catalogne et Alsace.

Les langues régionales représentent une richesse qu’il faut transmettre aux générations suivantes. Cette transmission dépend étroitement de leur enseignement mais aussi de leur vitalité dans le domaine de la création culturelle et de leur présence dans les médias. Car si l’usage des langues régionales est aujourd’hui restreint dans l’espace public, la diminution de leur pratique pourrait conduire à une disparition de certaines langues régionales.

L’enseignement immersif se pratique actuellement dans des écoles de droit privé sous contrat d’association avec l’Education nationale.

En Bretagne, il s’agit par exemple des écoles Diwan, dont les établissements répartis sur les cinq départements bretons forment un réseau de 47 écoles, 6 collèges et 2 lycées. A la rentrée 2023, 4 014 élèves étaient scolarisés dont environ deux tiers en primaire et un tiers dans le secondaire.

Des élèves du lycée Diwan étaient présents pour nous exposer les principales difficultés et défis auxquels ils sont confrontés :

  • Un manque d’enseignants dont la maîtrise du breton est pourtant essentielle ainsi qu’une insuffisance de moyens matériels pour leur établissement
  • Une inégalité de traitement dans leur scolarité avec ceux qui ne pratiquent pas le breton mais aussi plus largement du fait de l’usage limité du breton au sein de l’espace public
  • Une impossibilité de choisir la langue régionale comme LVA et des difficultés pour accéder à un enseignement bilingue

Certains lycéens ont proposé des pistes de réflexion pour soutenir l’enseignement en langue régionale :

  • Pouvoir utiliser les alphabets des langues régionales et avoir la possibilité de passer les épreuves du baccalauréat et du brevet dans leurs langues.
  • Faciliter l’enseignement de la langue régionale et de sa culture, notamment au sein des filières professionnelles
  • Informer davantage les parents des cursus existants
  • Proposer un panel de débouchés plus large, sans réduire l’étude de la langue régionale au métier de professeur, avec des formations adaptées