Le Parlement français réuni en Congrès le 4 mars 2024 à Versailles vient d’inscrire, à l’article 34 de notre Constitution, la « liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption de grossesse ».
La France devient ainsi par cette décision majeure la première nation à constitutionnaliser le droit des femmes à disposer de leur corps.
Aujourd’hui, la France se donnait rendez-vous à elle-même, et se devait d’honorer ce rendez-vous historique.
Cette étape fondamentale, pour les droits des femmes, est la suite logique de l’âpre combat engagé par Simone Veil à l’occasion de la loi du 17 janvier 1975. La Constitution française n’avait pas connu de modification depuis quinze années, il n’est donc pas systématique dans la vie d’une députée de siéger au Congrès pour réformer le texte suprême protégeant nos droits et garantissant nos libertés. Je mesure ce privilège avec fierté, mais aussi avec humilité.
Ne nous y trompons pas. Les droits des femmes sont partout menacés dans le monde, mais aussi en France. J’en veux pour preuve le nombre de courriels, tentant de me dissuader de voter ce texte primordial, qui m’ont été adressés depuis la convocation du Congrès jeudi dernier. J’en veux encore pour preuve l’argument fallacieux selon lequel le droit d’avoir recours à l’IVG ne serait pas en danger, dissimulant mal, en réalité, un souhait de pouvoir, un jour, revenir sur ce droit. L’interruption volontaire de grossesse devait être constitutionnalisée en France afin que cette nouvelle liberté essentielle aux femmes, désormais garantie, devienne intangible et ne puisse jamais être remise en cause dans notre pays.
Pourtant, ce lundi 4 mars 2024 ne doit pas être considéré comme un point d’achèvement. Tout au contraire, un autre combat commence. La France doit être le flambeau de l’inlassable lutte pour les droits inaliénables et universels des femmes. L’indispensable inscription, dans notre Constitution de la « liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption de grossesse » ne nous autorise plus aucune nuance et nous appelle à la plus grande vigilance.
Cette liberté gravée dans notre marbre constitutionnel ne saurait nous faire oublier les souffrances quotidiennes des femmes. Pas plus qu’il ne doit nous faire oublier que les droits de femmes sont en recul parce qu’ils sont trop souvent remis en question. Cette liberté, à jamais gravée, nous impose au nom de la dignité des femmes et de leur protection de toujours être au premier rang de leurs combats. J’en ai toujours fait une priorité de me mon engagement politique. Demain, je me mobiliserai pour que cette liberté soit inscrite dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.