Audition passionnante avec Thierry Breton, Commissaire européen en Commission mixte « Affaires économiques » et « Affaires européennes ».
Échanges constructifs autour de l’action européenne en faveur d’une plus grande souveraineté industrielle. Je l’ai interrogé sur l’articulation entre le marché intérieur et les accords de libre-échange.
“ Mme Lysiane Métayer (RE). Au nom de la commission des affaires européennes, je travaille sur un rapport d’information tirant le bilan des accords de libre-échange. Une des difficultés relevées est que la concomitance entre le nouvel objectif de souveraineté et l’effort historique de développement de libre-échange peut apparaître comme un manque de cohérence politique. Les accords les moins récents, en particulier, sont souvent assez éloignés de nos objectifs actuels. Pourtant, la DG Trade (direction générale du commerce) ne semble aucunement favorable aux renégociations ou à l’ajout de protocoles additionnels.
Dans cette optique de souveraineté industrielle européenne, quelles sont les perspectives d’articulation entre notre marché intérieur et les accords commerciaux externes ? Quelles améliorations envisagez-vous ?
M. Thierry Breton. S’agissant de l’autonomie stratégique et de la politique commerciale, j’ai dit hier à notre homologue américaine, l’ambassadrice Tai, qu’il était temps de revoir nos relations internationales, sans naïveté, pour assurer la sécurité des chaînes d’approvisionnement, au besoin en faisant jouer les rapports de force. Le fonctionnement d’un accord bilatéral n’est pas forcément garanti quand tout va mal – je vous renvoie à l’anecdote relative aux vaccins.
C’est un vaste chantier, je ne vous le cache pas, compte tenu de l’évolution géopolitique du monde. Nous existons dans ce monde parce que nous sommes un continent et que nous sommes unis et forts ensemble. Il nous faut traduire cette unité et cette force dans nos relations commerciales, pour décourager toute tentation d’utiliser les dépendances que l’on crée lorsque l’on ouvre une voie commerciale. Nous avons donc décidé d’intégrer cette dimension totalement nouvelle dans nos relations commerciales internationales. Le chantier est ouvert. ”