Rencontre avec le service garde-côtes des douanes

Vendredi 1er mars, je suis allée à la rencontre des autorités maritimes du service garde-côtes des douanes Manche Mer du Nord – Atlantique (SGCD MMNA) avec une visite des unités maritimes et aériennes de Lorient et Lann-Bihoué aux côtés de Arnaud Picard, directeur des services douaniers et chef du SGCD MMNA par intérim.

Les services garde-côtes exercent un contrôle douanier et fiscal aux frontières maritimes de l’Union européenne. Ils participent également au dispositif de l’Action de l’Etat en Mer contre les rejets illicites en mer et contribuent au contrôle des pêches ainsi qu’à la sécurité maritime et le sauvetage en mer.

Pour accomplir ces missions, 900 spécialistes marins et aériens sont répartis sur le territoire national. Ils servent 31 navires, 14 avions, dont deux dotés d’un système de détection de la pollution marine (avions Polmar) et 9 hélicoptères.


Au commencement de cette journée avec les douaniers, j’ai été accueillie sur la vedette de la Brigade garde-côtes de Lorient par son chef d’unité Esteban Fernandez et ses équipes. Ce fut l’occasion d’échanges privilégiés sur les activités menées : contrôle des navires et des marchandises, surveillance des pêches et lutte contre les stupéfiants par voie maritime. Avec une zone d’intervention qui s’étend de la pointe du Finistère (Saint Mathieu) à l’île d’Yeu.

La vedette de 28 mètres dont dispose la Brigade peut accueillir un équipage de 11 personnes pour des missions de 2 à 5 jours, principalement entre la pointe de Penmac’h et Saint Nazaire. Les hommes et les femmes qui embarquent sont tous multi-compétences pour assurer les missions à bord, des contrôles douaniers et fiscaux en passant par la cuisine, la plongée et la mécanique. J’ai été particulièrement marquée par leur esprit de camaraderie et la place accordée aux femmes dans l’équipage, avec deux femmes adjointes au commandement de la vedette.

De retour à terre, nous nous sommes rendus dans leurs locaux situés en face du pont où est amarré la vedette. Ce bâtiment, propriété de la Région Bretagne, est régulièrement l’objet d’inondations, à chaque grande marée. J’ai pu constater les dégradations matérielles et les difficultés que cela entraîne pour les équipes dans leurs conditions de travail. Nous avons pu discuter ensemble des projets en cours pour trouver d’autres locaux puisque des travaux sont trop complexes. La priorité pour eux étant de maintenir la proximité avec la vedette, leur outil de travail principal.

Ce bateau doit lui-aussi bientôt être remplacé, car malgré toute l’attention et les efforts de maintenance apportés depuis son acquisition en 2001, l’outil est vieillissant et les difficultés d’approvisionnement des pièces par marchés publics n’arrange pas les choses. L’année dernière, alors qu’un arrêt technique de 2 mois était prévu, la vedette est restée clouée à quai pendant 5 mois. Un coup dur pour l’équipage qui n’avait plus les moyens d’aller en mer pour exercer ses missions.


Sur l’après-midi, je me suis déplacée sur la base de l’aéronautique navale de Lann-Bihoué où j’ai été accueillie par Christian Dussaud, chef d’unité de la Brigade de la surveillance aéromaritime. Un temps d’échanges était prévu avec les équipes pour discuter des opérations menées et de leurs besoins.

Les douanes sont aujourd’hui la seule administration civile dotée de capacités aériennes. Cette composante vient compléter les dispositifs de surveillance des approches maritimes pour lutter contre l’immigration clandestine et les pollutions marines mais aussi assurer le contrôle des pêches et le secours maritime.

Depuis le plan POLMAR, initié en 1978 après la catastrophe de l’Amoco Cadiz entraînant l’une des pires marées noires sur les côtes bretonnes, des moyens sont déployés sur le littoral français pour lutter contre les pollutions par hydrocarbures. Grâce aux survols par avion, les équipages peuvent repérer en amont les dégazages et intervenir plus rapidement en cas d’accidents. Ils sont formés avec le Cedre à Brest, qui est aujourd’hui une référence internationale en pollutions accidentelles des eaux. 

Alors que les objectifs par façade maritime sont d’avoir deux appareils disponibles en permanence pour assurer une présence quotidienne à la mer, les équipes m’ont présenté une réalité toute autre. Ils sont aujourd’hui confrontés à réelles problématiques capacitaires, avec une mise à disposition de 5 avions sur les 7 que détient la douane et qui se traduit dans les faits par seulement 2 appareils opérationnels en raison d’avaries et de divers travaux de maintenance.

La Brigade déplore ainsi une baisse des heures de vols, 700 heures sur 2023 contre 958 en 2022, faisant craindre des pertes de compétences pour les équipes et des risques accrus d’accidents en cas d’intervention insuffisamment préparée. Les technologies évoluent aussi très vite, impliquant une mise à jour régulière du matériel et la formation en conséquence des équipages. J’ai pu moi-même me rendre compte du milieu de travail dans lequel ils exercent en visitant le cockpit d’un Beechcraft. Nous avons ainsi pu évoquer certains matériels qui leur font défaut, comme des masques à oxygène connectés pouvant leur permettre de maintenir la communication avec le pilote.

Au terme de cette journée et après avoir écouté longuement les équipes des unités maritimes et aériennes du service garde-côtes des douanes de Lorient et Lann-Bihoué, je me suis engagée à faire remonter leurs besoins auprès du Ministre de tutelle Thomas Cazenave et à l’inviter dans la circonscription pour qu’il puisse échanger directement avec les douaniers.