A l’invitation de Laurent Blanes, Directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN) du Morbihan, je me suis rendue avec lui le vendredi 16 février au Collège de Tréfaven de Lorient. Nous étions réunis avec Christophe Meynier, Principal du Collège, et ses équipes pour un après-midi de visite et d’échanges autour de la lutte et de la prévention du harcèlement scolaire.
Initié en 2022 dans les écoles et les collèges, puis étendu aux lycées en 2023, le programme pHARe s’est structuré aujourd’hui sur tout le territoire. Il vise à sensibiliser et prévenir au harcèlement mais aussi à améliorer la prise en charge des situations de harcèlement dans les établissements.
Le plan de prévention du harcèlement est étroitement lié à l’enjeu d’amélioration du climat scolaire, qui renvoie à la notion de qualité de vie à l’école. Des enquêtes sont réalisées périodiquement auprès des élèves, des éducateurs et des parents pour évaluer leur expérience de vie et de travail dans l’établissement. Ces mesures du climat scolaire permettent ensuite d’identifier les axes de progrès et de mettre en œuvre des actions pour assurer les bonnes conditions de travail, le bien-être et l’épanouissement des élèves.
A l’occasion de mes échanges avec l’équipe pédagogique du Collège de Tréfaven, qui accueille aujourd’hui 510 élèves sur 22 divisions, j’ai pu me réjouir d’apprendre les bons résultats dans leur dernière évaluation du climat scolaire. Néanmoins, si plus de 90% des répondants se disent bien accueillis et avoir de bonnes relations dans l’établissement, il ne faut pas sous-estimer les difficultés encore rencontrées par certains.
Au Collège de Tréfaven, la direction estime qu’en moyenne un élève par classe est victime de harcèlement. Les classes de 6ème et de 5ème sont les principales touchées avec des statistiques comparables pour les filles et les garçons. Le harcèlement n’est donc pas un problème genré mais bien le résultat de situations complexes qui nécessitent des réponses adaptées.
Depuis la mise en œuvre du programme pHARe au Collège de Tréfaven, plusieurs membres de l’équipe pédagogique ont été formés à une nouvelle méthode de préoccupation partagée dont la prise en charge des cas de harcèlement s’opère vers le groupe et non plus seulement avec l’agresseur. Auparavant, la sanction disciplinaire était la seule réponse.
Désormais, une équipe ressource de personnels volontaires intervient en début de protocole pour s’entretenir avec l’élève qui se dit victime, à sa demande ou celle de ses proches. Le rendez-vous ne dure pas plus de 15 min pour déterminer si d’autres investigations sont nécessaires. A cette étape, on ne parle ni de victime ni d’agresseur.
Chaque année, sur les 180 entretiens réalisés au Collège de Tréfaven, les trois quarts se résolvent par la médiation dans un délai de quinze jours. C’est seulement en cas d’échec que des sanctions disciplinaires s’appliquent. La Direction de services départementaux de l’Éducation nationale peut aussi être sollicitée pour les cas les plus difficiles. Une enquête de contrôle est quant à elle diligentée pour chaque demande de changement d’établissement.
Un autre angle de prévention du harcèlement vise l’accompagnement des familles et la formation des élèves. Plusieurs acteurs du quartier interviennent en partenariat avec l’établissement, parmi lesquels :
- La Maison de quartier, qui propose des ateliers sur le numérique avec les familles pour les sensibiliser aux risques des réseaux sociaux et les accompagner dans la mise en place d’outils de contrôle parental.
- La Police Municipale qui, en coopération avec les médiateurs de la Ville, maintiennent le lien avec les jeunes et incarnent les mesures répressives qui existent en dehors du règlement intérieur du collège.
- Les médiateurs de la Ville, animent quant à eux des groupes de discussions et sensibilisent au « parcours citoyen » à travers les notions de vivre ensemble, de bienveillance et d’empathie.
- Le point accueil jeunes (PAEJ), organise enfin trois temps collectifs par an à destination des élèves, des familles et des ambassadeurs dans l’établissement.
Pendant ma visite du collège, j’ai également pu rencontrer les dix élèves ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement. Ils sont tous volontaires et mobilisés pour sensibiliser leurs camarades et mener des actions.
Lors de la dernière édition de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, des bracelets #Non Au Harcèlement étaient ainsi distribués à tous les élèves et personnels. Les élèves participent également au prix « Non au harcèlement » du ministère de l’éducation avec la création d’une affiche de campagne de communication dans l’établissement et que nous avons hâte de découvrir !