Visite du centre pénitentiaire Lorient – Ploemeur

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Vendredi 15 mars 2024, j’ai pu visiter le centre pénitentiaire Lorient-Ploemeur accueillie par la directrice Mme Katell Peton.

La visite des établissements pénitentiaires est une prérogative des députés afin de s’informer du fonctionnement de l’univers carcéral, de constater les conditions de détentionet de récolter les besoins de l’administration pénitentiaire.

Ploemeur (56) 15/03/2024 – Télégramme

Ce droit de visite s’accompagne de la possibilité, pour les parlementaires, d’être accompagnés par les médias. J’ai ainsi convié les médias locaux à me suivre et à l’issue de cette visite de 3 heures, Le Télégramme a pu réaliser un reportage publié dans ses colonnes le 16 mars.

Ploemeur (56) 15/03/2024 – Télégramme

Le centre pénitentiaire Lorient-Ploemeur a une capacité d’accueil de 227 détenus. Toutefois, il compte aujourd’hui 303 détenus, soit un taux d’occupation de 133 %.

L’établissement reçoit en moyenne 340 personnes, la jauge la plus élevée ayant été de 365 personnes et la basse de 265personnes.

Ce sont 103 personnels qui accompagnent la directrice Katell Peton dans ses missions. Je salue leur professionnalisme et leur disponibilité à l’égard des détenus. J’ai découvert un établissement particulièrement bien géré au sein duquel, toutes les personnes qui m’ont été présentées, ont attesté des bonnes conditions de leur détention. Parmi les points importants pour elles, j’ai pu retenir l’accès à des formations et à des activités culturelles et sportives mais aussi l’écoute et la considération de la part des surveillants et de la direction. Le personnel encadrant restant attaché au bon ordre mais avec une discipline lisible et du respect mutuel.

Depuis son inauguration en 1982, il faut reconnaître que cet établissement pénitentiaire a vieilli et comporte aujourd’hui un grand nombre de vétustés. Des travaux sont en cours pour le désamiantage du bâtiment et la rénovation des douches maisles moyens restent encore insuffisants. Nous avons par exemple évoqué les difficultés liées aux branchements électriques, avec seulement une prise par cellule, ce qui engendre l’usage de multiples rallonges et fait craindre des risques accrus d’incendie et de suicide.


L’organisation du centre pénitentiaire

Le centre pénitentiaire est ouvert toute l’année et peut accueillir des arrivées 24h/24. 

Il se compose de plusieurs unités et services : 

• Un quartier arrivant par lequel tous les détenus transitent. Chacun d’entre eux y reste entre 4 à 15 jours. Il s’agit d’une étape sensible car elle signifie bien souvent le premier contact avec le milieu carcéral. Il convient donc de gérer, notamment, le risque suicidaire.

Source : Le Télégramme/Sophie Prévost

• Une maison d’arrêt, qui accueille les prévenus en attente de jugement et des détenus condamnés à de courtes peines. 

• Un centre de détention d’une capacité de 40 personnes. Dans ce secteur, toutes les personnes ont été condamnées. Elles disposent de leur propre cour de promenade dans laquelle se trouvent des bacs de jardinage avec tomates, salades ou fraises que les détenus peuvent cultiver.

• Un auxiliaire est désigné et rémunéré dans chaque unité. Il prend en charge la distribution des repas et le débarrassage des poubelles. En retour, il a le droit de garder sa porte ouverte.

• Une cuisine en gestion publique est approvisionnée par une cuisine centrale basée à Nantes (Elior).

• Un espace sanitaire composé de médecine générale et despécialistes (radio, kiné, psychiatre, dentiste, ophtalmologue). Il manque malheureusement d’autres spécialités. En cas de nécessité, il faut se rendre à l’hôpital même si on pourrait souhaiter que ces spécialistes se déplacent à la prison. De même pour les urgences, les détenus sont escortés à l’hôpital.

• Un magasin pour les détenus où ils peuvent s’approvisionner en produits d’alimentation et hygiène.

• Une salle de spectacle, qui sert également de salle de culte.

• Un pôle de formation en lien avec l’AFPA.

• Une cellule de protection d’urgence en cas de crise suicidaire (il n’y a qu’une seule cellule sur site).

• Un quartier d’isolement.

• Un quartier disciplinaire.


Les points à retenir

Sur les questions de rénovation et de sécurité liées aux bâtiments, je me suis engagée à écrire au Ministre de la justice. La problématique des drones sera un autre point de vigilance dont je souhaite l’informer car ces engins, pilotés depuis l’extérieur, sont utilisés pour ravitailler les détenus en drogue et téléphones portables. Pourtant des systèmes anti-drônes existent et sont déjà utilisés par les armées. Ils pourraient venir compléter les dispositifs de sécurité aux abords du centre pénitentiaire.

Le recrutement du personnel est aussi un sujet sensible dans l’administration pénitentiaire. De nombreux postes demeurent vacants. Il serait donc opportun de réfléchir aux moyens pour revaloriser ces métiers essentiels et les rendre plus visiblesdu grand public. 

La question de la gestion des déchets alimentaires a aussi été évoquée avec les équipes du fait de l’absence de solutions à leur disposition pour réduire le gaspillage et revaloriser ces ressources.

Lors de mon déplacement, le temps nous a manqué pour visiter le pôle formation. Sur ce point, je me suis engagée à solliciter une nouvelle visite axée sur les offres d’enseignement, la formation professionnelle et la réinsertion des détenus. Car si la prison est un lieu de sanction et d’exécution des peines, elle doit aussi tenir son rôle d’éducation et de réhabilitation des personnes détenues pour éviter au maximum le risque de récidive.